
Le protestantisme réformé
Représentant l’une des trois principales branches du christianisme, avec l’orthodoxie et le catholicisme, le protestantisme est né au XVIe siècle d’une volonté de réforme de l’Église qui, faute de consensus, a entrainé la division du christianisme occidental.
Il serait présomptueux de vouloir résumer les causes de cette fracture qui laissa des cicatrices si profondes dans l’histoire politique et religieuse de l’Europe.
On peut néanmoins avancer que ce mouvement est né d’une « protestation » virulente qui trouve sa source dans l’écart, voire les contradictions entre la parole de l’Église de la fin du Moyen Âge et la parole de Dieu contenue dans les Écritures.

Par un processus de retour aux Écritures facilité par l’essor de l’imprimerie, les réformateurs ont critiqué, ébranlé puis fait vaciller l’édifice politico-religieux du temps pour remettre au centre de la vie du chrétien :
- le salut donné par Dieu gracieusement – un chrétien ne « fait » pas son salut ; celui-ci lui est donné en dehors de toute action, de toute œuvre méritante par pure grâce.
- la foi en Jésus-Christ plutôt que dans les dogmes et les doctrines de l’Église
- L’autorité des Écritures sur toute tradition ecclésiale et humaine.
- Le rapport direct entre chaque être humain et Dieu, sans avoir besoin de recourir ni à l’intermédiaire du clergé ni à l’intercession des saints
On compte actuellement approximativement 2.5 milliards de chrétiens dans le monde, dont 800 à 900 millions de protestants qui se répartissent entre plusieurs courants (luthériens, calvinistes, anglicans, évangéliques de différentes dénominations).
Les fondements du protestantisme réformé

« Soli Deo Gloria / À Dieu seul la gloire » : ce verset du nouveau testament (1 Timothée 1, 17) est la devise la mieux partagée des protestants. Dieu seul est saint. Pas l’Eglise, ni l’institution, ni les bâtiments, ni le clergé, ni les saints. Dans la piété protestante, il n’y a donc pas de culte des saints, ni de la vierge Marie. Le culte est rendu à Dieu seul.
« Solus Christus / Christ seul » : la Réforme a voulu revenir au message de Jésus. « Seul Jésus-Christ est Seigneur. » (Philippiens 2, 11). Aucun homme, aussi élevé soit-il dans la hiérarchie sociale ou ecclésiastique ne peut se substituer à lui. Tous les êtres humains, quels que soient leur conditions sociale, leur origine ethnique, leur sexe, leur âge, ont accès librement à lui. « En Christ, il n’y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme, car tous vous êtes en Jésus-Christ. » (Galates 3, 28).
« Sola Scriptura / L’écriture seule » : pour les protestants, la Bible – Parole inspirée par Dieu – est le socle sur lequel repose leur foi, leur doctrine et leur piété. Au XVIème siècle, les réformateurs ont traduit la Bible dans les langues populaires qu’ils ont ainsi fixées, puis l’ont diffusée grâce à l’imprimerie, la rendant accessible à toutes et tous. La méditation des Écritures et le sermon occupent une place centrale dans le culte protestant.

« Sola Gratia / La grâce seule » : les Réformateurs ont insisté sur le Dieu révélé par Jésus-Christ, offrant sa grâce sans condition. Nul besoin de mériter son pardon, ni son amour, puisque Dieu nous les offre gratuitement. Cela s’appelle la grâce, et elle seule nous sauve, non pas notre mérite, ni notre vertu et encore moins notre richesse.
« Sola Fide / La foi seule » : devant la tentation d’acheter son salut avec de l’argent ou en faisant de « bonnes œuvres », les Réformateurs affirment que la foi, la confiance en Dieu suffit. « C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi, et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu »
(Éphésiens 2,8).

« Ecclesia reformata, semper reformanda est secundum verbum dei / L’Église réformée, à réformer sans cesse selon la Parole de Dieu. » : pour les protestants, l’Église est une institution humaine sans cesse appelée à se transformer et à se laisser transformer par Jésus-Christ. Elle est jugée sur sa capacité à mettre en pratique la Parole de Jésus-Christ. « Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Matthieu 25, 40).