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Eglise protestante de Genève
Bible ouverte

Regardez les oiseaux du ciel

Extraits de la prédication de Gwendoline Noël-Reguin à l’occasion de la Nuit de la prédication organisée le 4 octobre 2024 à la cathédrale Saint-Pierre


Matthieu 6, 25-34

25 C’est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ?

26 Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’amassent rien dans des greniers; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ?

27 Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une coudée à la durée de sa
vie ?

28 Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement ? Considérez comment croissent les lis des champs : ils ne travaillent ni ne filent ;

29 cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux.

30 Si Dieu revêt ainsi l’herbe des champs, qui existe aujourd’hui et qui demain sera jetée au four, ne vous vêtira-t-il pas à plus forte raison, gens de peu de foi ?

31 Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas : Que mangerons-nous? que boirons-nous? de quoi serons-nous vêtus ?

32 Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin.

33 Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus.

34 Ne vous inquiétez donc pas du lendemain ; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.


Prédication – « Regardez les oiseaux du ciel… »

À quand remonte la dernière fois que vous avez écouté les oiseaux chanter ? Pas juste entendu, mais écouté, avec attention. Dans une forêt, un parc, au bord du lac, à la montagne, dans votre jardin… ou peut-être même tout à l’heure, juste avant d’entrer dans la cathédrale pour cette nuit de la prédication ?

Peut-être les avez-vous aussi observés ? La variété de leurs tailles, de leurs apparences, leur façon de s’envoler et de se poser, leur ramage et leur plumage… tout en eux dit l’inventivité, la créativité de Dieu, l’abondance de la nature, l’abondance de la vie. Une vie simple, non sans problème ni peur, mais une vie de liberté, une vie spontanée, une vie au jour le jour, une vie sans inquiétude pour le lendemain.

On retrouve aussi cette diversité chez les fleurs des champs. Des centaines d’espèces différentes, des plus petites aux plus grandes, et toutes les couleurs de l’arc-en-ciel… toutes ces espèces, créées et voulues par Dieu, habitent notre planète, chacune avec ses parfums, ses formes, ses textures… Une diversité à faire pâlir d’envie le plus imaginatif des stylistes de mode ! La fleur ne s’inquiète de rien. Elle est belle par nature. Elle n’a besoin que de l’eau du ciel que ses racines vont puiser dans la terre pour grandir.

Et nous, les humains… Nous, nous nous inquiétons de tout, tout le temps. Et cela n’est pas nouveau ! Durant la préhistoire, nos ancêtres déjà se faisaient du souci. Ils ne maîtrisaient rien et subissaient de plein fouet les excès de la nature : sécheresses ou inondations, gelées ou canicules, orages, tempêtes, fortes neiges… Leur vie était rythmée par ces aléas. La recherche de nourriture était l’inquiétude centrale : si on ne mange pas, on ne survit pas. Les choses ont commencé à changer il y a environ 10’000 ans, lorsque l’un de nos lointains aïeux, ou pourquoi pas l’une de nos lointaines aïeules, eut l’idée de mettre des graines en terre pour savoir où récolter la nourriture : l’agriculture était née ! C’est souvent l’inquiétude du lendemain qui pousse les hommes et les femmes à faire preuve de créativité : on apprend de ses erreurs, on cherche des solutions, on fait avancer les choses. On sait cultiver des plantes que l’on va manger, étaler les cultures sur l’année pour manger même l’hiver, stocker les aliments en les séchant (…).

Jésus vécut il y a bien longtemps, dans une autre contrée. Chez lui, ni réfrigérateur, ni supermarché, ni conservateurs permettant de garder les aliments consommables plus longtemps. Chez lui, ni prairies grasses et fleuries, ni arolles bruissant dans le vent.

Chez lui, autour de lui, des hommes et des femmes préoccupés par le lendemain, par ce qui les nourrira, ce qui les vêtira. Et là, Jésus nous rejoint, car nous sommes nous aussi des hommes et des femmes préoccupé·e·s par le lendemain, par ce que nous mettrons dans nos assiettes, par ce que nous mettrons sur notre dos… et plus largement, par ce que nous réserve l’avenir. Nous avons les mêmes besoins fondamentaux : se nourrir, se vêtir, se sentir en sécurité pour aborder le lendemain !

L’enseignement donné il y a 2’000 ans rejoint ici le cœur de nos vies.

Jésus entend les préoccupations de ses contemporains. Il les écoute avec bienveillance, il les comprend… mais il ne les approuve pas.

Les oiseaux ont besoin de se nourrir, les fleurs ont besoin de se vêtir et Dieu prend soin de ces créatures qui nous paraissent pourtant insignifiantes (…).

Des milliers d’oiseaux identiques, qu’on entend sans les écouter, et Dieu prend soin de nourrir chacun d’entre eux, sans qu’il n’ait besoin de semer, ni de moissonner, ni d’amasser dans un grenier (…).

Par son exemple, Jésus montre à chacun et chacune qu’une autre vie est possible, une autre recherche que celle de sécurité pourrait occuper le centre de nos préoccupations.

Jésus, Fils de l’homme, n’avait même pas de pierre où poser sa tête pour se reposer. Il n’avait pas cotisé à l’AVS, il n’avait pas d’assurance, il n’éternuait pas dans le creux de son coude, il n’avait pas épargné pour son futur, il n’avait pas investi en bourse… et pourtant, il a su donner un centre à sa vie. Jésus nous rappelle que l’on ne pourra jamais tout maîtriser : même en établissant des menus équilibrés pour chaque jour de la semaine, même en choisissant avec soin une garde-robe minimaliste qui convient à chaque occasion… le lendemain réserve son lot de surprises et d’inattendu ! Loin d’enfermer l’humain dans ses limites, Jésus lui propose de considérer la vie sous un autre angle : si l’on ne peut tout maîtriser, si l’on ne peut tout anticiper, alors autant accepter cette réalité et concentrer ses efforts sur autre chose, quelque chose qui ne nous sera pas enlevé, quelque chose qui sera au centre de notre vie. Ce centre, nous dit Jésus, c’est Dieu Lui-Même : Son Royaume, Sa justice (…)

Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné en plus, par surcroît. C’est la recherche d’une vie dont le centre est ailleurs qu’en soi-même, une vie proche de Dieu, une vie de communion. C’est la mobilisation de son énergie en vue de ce qui constitue le cœur de la vie : engagement social, engagement bénévole pour une cause qui nous tient à cœur et qui rendra le monde plus beau…Cherchez d’abord… c’est une priorité, mais ce n’est pas la seule chose à chercher. On cherche aussi à manger, à rêver, à sortir… à être bien avec soi-même, bien en soi-même.

Si Dieu prend soin du moindre moineau, de la moindre fleur des champs, à plus forte raison, Il prendra soin de chacun, de chacune d’entre nous. Nous pouvons mettre en Lui toute notre confiance et nous pouvons vivre la Vie en abondance qu’Il nous promet.