Prier, pour quoi faire ?
Mars 2023
Elisabeth Schenker, pasteure
« Pourquoi prier si cela ne nous rend pas plus pieux, et si l’on n’obtient rien de plus en le faisant ? », écrivait André Dumas, pasteur français du siècle dernier.
« On frappe, on crie, on parle à une oreille qui ouvre le mutisme de notre vie (…). Prier, c’est causer avec Dieu » disait-il, « et prier, comme causer, c’est beaucoup. Sans ce beaucoup, nous demeurons en solitude expressive, quelles que soient nos multiples activités productives ».
Un jour lors d’un atelier préparation d’un culte de l’enfance avec les 8-10 ans, un petit garçon devant sa feuille blanche a posé ses crayons en disant : « de toute manière, les prières, ça sert à rien. Moi quand je prie, ça marche jamais, y’a jamais rien qui change ».
Dans le bref espace de silence qui s’est installé, une petite fille a répondu :
« moi, j’ai une amie qui est très difficile à aimer. Et quand je mets Jésus dans mon cœur, ça m’aide ».
Nous pourrions nous arrêter là car tout est dit, ou presque.
Cette enfant était riche, déjà, de cette ressource qu’est la prière, dans les situations difficiles. Riche de la relation unique et singulière qui se tisse dans cet espace de parole avec …. Jésus en ce qui la concerne, quand d’autres ne prient que l’Esprit, et d’autres encore le Père, exclusivement.
« Certes, prier n’est pas tout » continue Dumas. « Pourquoi donc prier ? », insiste-t-il… « Pour être avec Dieu, pour dresser et redresser les êtres humains que nous sommes. Pour rester encore et toujours, des êtres de parole, et re-devenir, d’une prière à l’autre, des êtres de désir »… (André Dumas, Cents prières possibles, Albin Michel, 2000)
Le petit garçon du groupe de caté, lui, il n’a rien répondu à cette lumineuse petite fille. Il a repris ses crayons, et il s’est mis à causer, dans le secret de son cœur, sur sa feuille blanche.