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Eglise protestante de Genève
© No_Name13 – Pixabay

Libres de croire, libres pour croire

Février 2025

Alexandre Winter, pasteur et modérateur de la Compagnie des pasteur.es, des diacres et des chargé.es de ministère

C’est par ses adversaires que le courant de la théologie dite libérale a été d’abord nommé comme tel. Dès ses débuts, il naît dans un contexte polémique, notamment dans les conflits de politique ecclésiastique en Allemagne. Nous sommes au XIXème siècle, le protestantisme a été marqué, divisé aussi par les mouvements du Réveil, et il se débat avec l’héritage de l’hégélianisme.

En Suisse, il est inséparable de la figure d’Alois Emmanuel Biedermann (1819-1885), théologien formé à Bâle puis à Berlin, puis nommé professeur à Zurich. Cet homme engagé dans les débats de son temps est très représentatif de cette alliance qui s’est nouée entre un certain travail théologique – notamment lié à la recherche historique sur Jésus et à l’analyse des premiers contenus de la foi chrétienne – et les courants philosophique et politique du libéralisme. Dans un discours d’hommage de 1875 (Strauss et la théologie contemporaine), Biedermann distingue chez celui qu’il considère comme son précurseur et maître, une vertu entre toutes : celle de la critique. Il la décrit comme « non un pur travail de destruction, mais cette opération scientifique qui est la condition indispensable de tout vrai progrès dans la connaissance, et qui consiste à mettre les faits et les idées à l’examen d’une raison exercée par l’expérience et consciente de ses lois ».

La critique ainsi comprise est une entreprise éminemment positive, rendant justice à l’intelligence humaine et l’ouvrant à se saisir de façon dynamique des enjeux de la connaissance. Son travail sera particulièrement utile dans le domaine religieux où peuvent s’exacerber les plus grandes affections.

Dans sa première lettre aux Thessaloniciens, l’apôtre Paul aura peut-être offert à la théologie critique en christianisme un de ses premiers fondements, lui qui écrit au milieu de recommandations pour cette communauté encore fragile : « mettez tout à l’épreuve, retenez ce qui est bon. » ( I Thess 5, 21) Examiner sans discrimination de principe, chercher à voir ce qui supporte une appréciation critique et garder pour soi et pour l’Église tout ce qui peut s’avérer profitable : sans doute que l’apôtre n’avait pas à l’esprit une position aussi anachroniquement « libérale » mais j’ose proposer ici cette lecture qui fait de l’acte de croire un mouvement profondément libre. Aujourd’hui comme hier, la foi chrétienne réside et s’active dans le lieu de la plus grande liberté, celle que nous a acquise Celui que rien ni personne n’a pu lier, hormis son amour.


Clause de non-responsabilité :
Les textes proposés dans le cadre de la série ‘Un perspective à la foi’, ainsi que les informations, idées et opinions qui y sont exprimées, sont ceux de leurs auteur.e.s, et ne reflètent pas nécessairement les positions, idées et opinions de l’Église protestante de Genève (EPG). Ils engagent la seule responsabilité de leurs auteur.e.s.