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Eglise protestante de Genève
© Claudio Schwarz – Unsplash

De la justice à la liberté

Juin 2024

Sandrine Landeau

L’année 2023-24, sur les traces de la justice, s’achève. C’est le moment de jeter un regard en arrière pour contempler le chemin parcouru. A la fin de cette année, nous espérons que vous repartez avec des pistes nouvelles de réflexions, des élans et, surtout, pas de réponse figée !

Pour ma part, voici quelques éléments que je retiens et qui continueront à alimenter ma réflexion… et ma prière, car comme nous le rappelait Elisabeth Schenker en ouverture (sept. 2023), la justice est une espérance ! Elle est aussi une exigence, face au mal qui nous heurte et nous défie, une exigence qui ne se résout qu’en se laissant entraîner loin de la logique de la rétribution, à la suite de la mort et la résurrection du Christ, dans une logique où la Parole rend la vie toujours à nouveau possible (Jean-Yves Rémond, oct. 2023). Cette Parole se fait proche de nous quand nous subissons l’injustice, et elle se fait proche de nous aussi quand nous commettons l’injustice : Dieu s’adresse à Caïn avant et après le meurtre d’Abel. Avant, pour tenter de l’empêcher, et après, pour éviter que du chaos ne se rajoute au chaos dans un cercle vicieux infernal (Sandrine Landeau, nov. 2023).

La justice restaurative (Maurice Gardiol, déc. 2023) s’attache ainsi à recréer du lien en permettant à l’auteur d’une injustice de prendre ses responsabilités, à la victime de se reconstruire, et à la communauté de trouver des chemins de réhabilitation. C’est aussi la communauté qui est mise en avant dans la recherche de la justice économique (Etienne Perrot, fev. 2024), afin d’arriver à un « ordre de la maison » (sens littéral du mot grec oiko-nomos qui a donné économie) qui ne soit pas la loi du ou des plus fort(s), même tempérée par quelques mécanismes correctifs nécessaires mais insuffisants. La recherche de la justice climatique est elle aussi, de manière peut-être encore plus flagrante, indissociable de cette dimension collective (Benoît Ischer, mars 2024). Elle nous invite aussi à considérer avec plus d’acuité encore que l’horizon visé n’est pas l’horizon étriqué de la vie possible pour quelques uns (les plus riches, les mieux équipés, les plus intelligents ou n’importe quel autre critère d’évaluation), mais celui de la vie possible pour chacune et pour chacun. Car en Christ c’est l’universalité du salut qui nous est offerte (K. Luc Bulundwe, avril 2024), pas le salut pour quelques-un.es et à certaines conditions. Une universalité qui n’efface pas les différences, les oppositions même, mais qui les nomme, les regarde et les assume. Pour que la justice des uns ne soit pas l’injustice des autres !

Dans toutes nos quêtes de justice, nous pouvons avancer confiants et confiantes, car nous sommes justifié.es : notre vie est portée par un pardon qui nous précède et qui nous libère (Bernard Rordorf, mai 2024) sur tous nos chemins. Car si l’année s’achève, il n’en est pas de même pour le chemin ! Lui reste ouvert devant nous, notre Dieu le garde ouvert jusqu’à l’accomplissement de sa promesse « de nouveaux cieux et une terre nouvelle, où la justice habitera » (2 Pi 3,13). Pour l’année 2024-25, il nous entraînera sur les pistes de la liberté. Rendez-vous en septembre, et d’ici là bel été à chacune et à chacun !


Clause de non-responsabilité :
Les textes proposés dans le cadre de la série ‘Un perspective à la foi’, ainsi que les informations, idées et opinions qui y sont exprimées, sont ceux de leurs auteur.e.s, et ne reflètent pas nécessairement les positions, idées et opinions de l’Église protestante de Genève (EPG). Ils engagent la seule responsabilité de leurs auteur.e.s.