Passer directement au contenu principal
Eglise protestante de Genève
Bible ouverte

L’Avent

Durant la période de l’Avent, nos foyers se parent souvent d’une couronne. Avec ses quatre bougies, celle-ci nous accompagne durant les quatre semaines qui nous séparent de Noël. Et dans certaines traditions, ces bougies ont des noms, que nous vous invitons à explorer ensemble à la lumière de quatre textes bibliques.


Philippe Golaz et Agnès Krüzsely


Espérance (Esaïe 8,23, 9,1 & 9,5-6)

8,23 Mais les ténèbres ne régneront pas toujours Sur la terre où il y a maintenant des angoisses: Si les temps passés ont couvert d’opprobre Le pays de Zabulon et le pays de Nephthali, Les temps à venir couvriront de gloire La contrée voisine de la mer, au delà du Jourdain, Le territoire des Gentils.



9,1 Le peuple qui marchait dans les ténèbres Voit une grande lumière; Sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort Une lumière resplendit.



9,5 Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, Et la domination reposera sur son épaule; On l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix.

9,6 Donner à l’empire de l’accroissement, Et une paix sans fin au trône de David et à son royaume, L’affermir et le soutenir par le droit et par la justice, Dès maintenant et à toujours: Voilà ce que fera le zèle de l’Éternel des armées.

***

La première bougie de la couronne de l’Avent est celle de l’espérance.

Quelle promesse ! : « Sur ceux qui vivent au pays des ténèbres, une lumière se met à resplendir. »

Elle vient à point durant cette saison hivernale, où les nuits semblent interminables et où l’on se demande, parfois même quand il fait déjà jour, si le soleil va pointer son nez.

La première bougie annoncée au début du culte est celle de l’espérance. Aujourd’hui, je m’arrêterai sur cette lumière qui nous sort des ténèbres, et qui est annoncée par le prophète Esaïe déjà.

La lumière qui nous sort des ténèbres, c’est ce qu’Esaïe annonce.
C’est une prophétie qui a été lue, relue, entendue, réentendue et réinterprétée au long de l’histoire d’Israël. Le livre d’Esaïe date du 6è siècle avant Jésus-Christ, du temps de l’exil à Babylone et de l’espérance d’une sortie des ténèbres pour le peuple d’Israël. Le peuple est sous le joug de l’exil. Il pleure son passé et cherche conseil. Il voudrait de l’aide et espère un retour à la paix, comme le font entendre les noms utilisés pour décrire celui qui le sauvera : Conseiller admirable, Dieu fort, Père pour toujours, Prince de la paix.

L’humanité n’est pas capable de Paix par elle-même, elle a besoin de la lumière qui donne une direction à suivre.

Elle attend un sauveur. Cette attente pose les jalons pour une lecture christique du texte…

Jésus nous est promis tout petit bébé avec un avenir et un potentiel, il apportera la paix pour l’humanité, une maison pour tous. Esaïe annonce la naissance d’un enfant qui apporte la lumière, et qui nous permet, à nous, de la perpétuer.

Chacune et chacun peut connaître dans sa vie des moments de ténèbres personnelle. J’en imagine dans différents domaines : la solitude ; la maladie ; la tristesse de relations familiales qui ne sont pas comme espérées ; le trop-plein de travail ; les fins de mois serrées et les cadeaux à acheter ; l’état de la planète d’un point de vue écologique, avec de plus en plus de catastrophes naturelles ; les guerres au loin, sur d’autres continents ; mais aussi plus près de nous, voire même dans les cours d’école.

Dieu nous promet sa présence, par la lumière qu’il allume dans nos obscurités. Quand la peur vous prend ; quand la tristesse vous envahit, quand la solitude vous colle, regardez la lumière de la bougie de l’Avent et allez vers cette lumière. Esaïe ne connaissait pas encore l’enfant qu’il annonçait. Nous, nous le savons : cette lumière, c’est Jésus, c’est vers lui que Dieu nous invite à marcher.


Foi (Matthieu 1,18-21 & 1,24)

1,18 Voici de quelle manière arriva la naissance de Jésus Christ. Marie, sa mère, ayant été fiancée à Joseph, se trouva enceinte, par la vertu du Saint Esprit, avant qu’ils eussent habité ensemble.

1,19 Joseph, son époux, qui était un homme de bien et qui ne voulait pas la diffamer, se proposa de rompre secrètement avec elle.

1,20 Comme il y pensait, voici, un ange du Seigneur lui apparut en songe, et dit: Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie, ta femme, car l’enfant qu’elle a conçu vient du Saint Esprit;

1,21 elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus; c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés.



1,24 Joseph s’étant réveillé fit ce que l’ange du Seigneur lui avait ordonné, et il prit sa femme avec lui.

***

La deuxième bougie est celle de la foi.

Joseph est souvent le parent pauvre de la nativité. On parle beaucoup de son fils, pas mal de sa femme, même des anges et des bergers. Mais le pauvre Joseph passe un peu inaperçu. Pourtant, il doit aussi faire face, à son niveau et à sa manière, à un sacré bouleversement. Il avait un projet en tête. Il était amoureux de la belle Marie, il allait l’épouser, s’installer tranquillement à Nazareth, et fonder une famille avec elle. Dans cet ordre.

Mais Dieu intervient, et vient mettre les plans de Joseph sens dessus dessous. Marie lui apprend qu’elle est enceinte, et pas de n’importe qui : du Saint-Esprit. Et Joseph semble avoir de la peine à la prendre au sérieux, si on tient compte du verset où il est dit qu’il s’apprête à la renvoyer. Mais à la renvoyer en secret parce qu’il est un homme juste et décent. Sa première réaction reste de dire : ce sera sans moi.

Dieu intervient donc une seconde fois, et un ange lui apparaît en rêve pour lui confirmer que ce que Marie lui a dit est vrai. Joseph se réveille, sûrement un peu déboussolé par l’expérience, et décide de faire confiance. Il fait ce pas de foi incroyable, tout comme Marie avant lui, d’accepter d’accueillir cet enfant-Messie dans son existence, et de laisser tous ses plans être chamboulés par Dieu.

Lorsque nous faisons une place à Dieu dans nos vies, cela vient aussi tout chambouler. Et il nous faut parfois un peu de temps pour être sûrs d’avoir bien compris ce que Dieu attendait de nous. Comme le dit la diction : Les hommes font des plans et Dieu rigole. Ou dans le livre des Proverbes : « L’homme fait des projets, mais celui qui a le dernier mot c’est l’Éternel. » Avec Joseph, osons faire ce saut de foi en accueillant le Christ dans nos vies.


Joie (Luc 2,8-14)

2,8 Il y avait, dans cette même contrée, des bergers qui passaient dans les champs les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux.

2,9 Et voici, un ange du Seigneur leur apparut, et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux. Ils furent saisis d’une grande frayeur.

2,10 Mais l’ange leur dit: Ne craignez point; car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple le sujet d’une grande joie :

2,11 c’est qu’aujourd’hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur.

2,12 Et voici à quel signe vous le reconnaîtrez: vous trouverez un enfant emmailloté et couché dans une crèche.

2,13 Et soudain il se joignit à l’ange une multitude de l’armée céleste, louant Dieu et disant :

2,14 Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, Et paix sur la terre parmi les hommes qu’il agrée!

***

La troisième bougie que nous allumons est celle de la joie. « Gloire à Dieu dans les cieux très hauts, et paix sur la terre pour ceux qu’il aime ! »

Cette fois, ce n’est pas le prophète qui annonce une promesse, mais un ange.

Comme Gabriel, apparu à Zacharie au chapitre précédent (Lc 1,14), l’ange annonce la joie.

La joie est un sujet très présent chez Luc. Contre une foi triste, il annonce l’Évangile : la Bonne nouvelle d’une grande joie.

C’est dans la Ville de David que le Sauveur est né ; cela le place dans la continuité de l’histoire et dans une lignée royale. Mais, rappelons-nous que David était berger quand il a été béni par Samuel pour devenir roi.

Dans le passage que nous avons entendu, un ange apparaît aux bergers : aux petits, et non pas à l’autorité. Nous avons entendu qu’ils étaient plus visibles que Joseph, mais les bergers sont en bas de l’échelle sociale. Ils sont considérés comme malhonnêtes et voleurs.

L’enfant qui naît ressemble aux bergers, qui sont simples, pas des notables. Un enfant, ce n’est pas un Messie accompli, mais la promesse d’un avenir et d’espérance.

L’ange annonce la bonne nouvelle, il rassure : n’ayez pas peur ; il met la naissance de Jésus en contexte en utilisant les mots :

Sauveur, parce que le nom de Jésus veut dire Dieu sauve ;
Christ, qui veut dire oint de Dieu et reprend le thème du Messie davidique promis à Israël ;
Et Seigneur, qui annonce une incarnation : Dieu vient habiter au milieu des gens; on peut s’identifier à lui.

Avec le chant du Gloria, qui est une promesse de paix et de sécurité faite à l’humanité, l’ange entre dans une dimension liturgique qui annonce celle, plus tard, de l’Hosanna lors de l’entrée de Jésus à Jérusalem. Nous avons, nous aussi, nos chants qui nous préparent à Noël…

Et parfois nous nous laissons happer par nos préparatifs de Noël, la course aux cadeaux, la préparation de la fête, la visibilité de la réussite sociale…

Le message de l’ange nous rappelle que la JOIE n’est pas dans le faste, mais dans les petites choses qui font les promesses d’une autre grandeur. Dans un sourire, une accolade, dans les retrouvailles et le partage.

L’ange nous dit : C’est beau que tu sois là ! Viens, fêtons ensemble, chantons ensemble, mettons un peu de douceur et de joie dans nos vies.

L’ange nous rappelle qu’ici et maintenant, tout est bien. Nous partageons un moment de joie. Gloire à Dieu !


Paix (Luc 2,15-20)

2,15 Lorsque les anges les eurent quittés pour retourner au ciel, les bergers se dirent les uns aux autres: Allons jusqu’à Bethléhem, et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître.

2,16 Ils y allèrent en hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans la crèche.

2,17 Après l’avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été dit au sujet de ce petit enfant.

2,18 Tous ceux qui les entendirent furent dans l’étonnement de ce que leur disaient les bergers.

2,19 Marie gardait toutes ces choses, et les repassait dans son cœur.

2,20 Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, et qui était conforme à ce qui leur avait été annoncé.

***

Après leur rencontre avec les anges, les bergers se précipitent pour aller voir de leurs yeux ce sauveur qui vient inaugurer un règne de paix sur terre. La quatrième bougie est la bougie de la paix.

Il peut nous être difficile de comprendre ces paroles, tellement nous sommes confrontés à des conflits de toutes sortes, tout autour de nous.

Il y a évidemment ceux qui occupent nos écrans au 19h30 : en Ukraine ou au Moyen-Orient. Et tous ces conflits armés dont on ne parle pas mais qui détruisent des vies humaines. Et il y a les conflits plus proches de nous : dans nos foyers, avec nos voisins, nos amis, ou nos collègues. On peut donc se demander : mais où est ce règne de paix ?

En hébreu, paix se dit « Shalom ». Et derrière ce mot se cache bien plus que l’absence de conflits. Le Shalom, c’est la plénitude. C’est le fait d’être complet, terminé, entier et parfait.

Si nous n’expérimentons pas cette paix et cette plénitude dans notre vie quotidienne, c’est que cette paix n’est pas vécue pleinement entre les hommes et Dieu. C’est cela que Jésus est venu combler. C’est le manque de paix entre Dieu et les hommes qu’il est venu rétablir.

Voilà que Noël pointe déjà vers Pâques. Car c’est par sa mort et sa résurrection que le Christ vient réaliser le pardon de Dieu pour nous, et permet que notre relation à Lui soit enfin pleinement rétablie.

Ce n’est qu’ensuite, habités par cette paix, que nous pouvons commencer à la vivre dans nos relations.

C’est Saint Augustin qui a écrit : « Tu nous as faits pour toi Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en toi. »

Lorsque nous sommes en paix avec Dieu, alors tout change. Nous nous savons acceptés et aimés. Nous ne craignons plus les difficultés, ni le regard des autres. Nous savons que cette paix que nous expérimentons intérieurement est appelée à déborder dans le monde, et qu’un jour, quand le Christ reviendra comme il l’a promis, alors la paix sur terre sera totale.

C’est transformés par cette rencontre avec le Christ que les bergers repartent, enfin en paix, avec Dieu et avec eux-mêmes.

Amen